L’Exécutif a imposé le confinement depuis le 17 mars dernier dans toute la France afin de stopper la propagation du coronavirus. Cette situation a entraîné l’accélération de la transition numérique, ces outils étant devenus indispensables au télétravail, mais aussi à l’éducation et à la résilience des entreprises. En créant un sentiment d’urgence, la crise a permis de faire accepter plus facilement cette « nouvelle vision » et le changement qui l’accompagne.
Essor de l’école en ligne
Longtemps réticente à la mise en place de l’enseignement virtuel, l’Éducation nationale a été contrainte de faire contre mauvaise fortune bon cœur. L’école à distance s’est donc mise en place, mais le contrôle en continu des connaissances en ligne est resté au stade de projet.
Cette évolution « historique » impacte le rôle de l’enseignant et met en lumière le besoin d’outils adaptés pour le partage des connaissances et pour l’évaluation des élèves. Pour favoriser ce passage au numérique, plusieurs freins ont été levés par les différentes parties prenantes.
- C’est le cas de la mise à disposition gratuite sur internet des manuels scolaires jusqu’à la réouverture des établissements scolaires. Pourtant, cela fait des années que les associations de parents d’élèves réclament aux éditeurs la possibilité d’accéder aux versions dématérialisées des ouvrages (réservées aux enseignants) afin d’alléger les cartables.
- De même, la télévision s’est mise à proposer des programmes pédagogiques afin d’offrir aux enfants d’autres moyens plus ludiques d’apprendre, mais aussi d’aider les parents, souvent à court d’idées pour occuper leur progéniture pendant le confinement.
- Même les jeux collaboratifs en ligne ont connu un essor notable, leur audience étant désormais connectée pour de plus longues périodes, classe à la maison oblige.
Généralisation du télétravail
Le télétravail aussi s’est généralisé, les salariés dont la présence n’est pas indispensable pour assurer la continuité de l’activité doivent travailler depuis leur domicile. Or, des milliers d’entreprises découvrent à peine ce mode de fonctionnement, qui en 2018, n’était pratiqué que par 6 % des salariés en France, et pour la plupart, de façon ponctuelle. Et les obstacles sont nombreux :
- disponibilité des outils (ordinateur potable, smartphone, connexion interne) et d’un mail professionnel pour chaque collaborateur,
- accessibilité aux applications et aux dossiers,
- sécurité des données et des opérations.
À l’inverse, lorsque la transformation digitale des entreprises est plus avancée avec une « digital workplace », les salariés ont pu s’adapter plus facilement, et poursuivre leurs tâches comme d’habitude. Le principal défi a sans doute été de connecter les équipes en charge de la logistique opérationnelle à ce lieu de travail numérique.
C’est notamment le cas dans l’univers de la Supply Chain. Les livreurs, les agents du centre de préparation des commandes, et plus généralement, les équipes qui travaillent en première ligne en ces temps de confinement, communiquent désormais directement entre eux grâce aux outils informatiques, sans passer nécessairement par les collègues qui gèrent habituellement l’ERP.
L’omnicanal, pilier de la résilience
Les entreprises commerçantes absentes des réseaux sociaux ou qui ne possèdent pas de site internet sur lequel elles peuvent vendre leurs produits et services ont subi de plein fouet la crise sanitaire. Les marques en mesure de servir les clients sur tous les canaux en passant instantanément de l’un à l’autre, de mettre en place un système de livraison à domicile ou de « Drive » et des solutions de paiement électroniques et « sans contact » s’en sont mieux sorties que leurs concurrentes.
Les autres ont dû garder porte close, ou compter sur des initiatives comme l’ouverture d’une page Facebook par la municipalité afin de donner de la visibilité aux petits commerces et leur permettre de recevoir des commandes et organiser la livraison pour leurs clients.
Pour tous, encore faut-il tenir la cadence face à une demande souvent forte, en évitant les gros retards de livraison, les ruptures de stock… Le confinement représente pour chacun un test de la pertinence de son modèle. Mais surtout, c’est une occasion de revoir sa politique en matière de logistique, en intégrant les nouvelles attentes des consommateurs.
Il reste à voir si le changement durera après la crise pour promouvoir un business model plus efficace, voire contribuer à la construction d’une nouvelle société digitale plus résiliente.