Pour réduire la pollution et décongestionner les hypercentres des villes, les autorités locales encadrent plus sévèrement le transport et les livraisons. Elles limitent les types de véhicules autorisés, les lieux et horaires. Ces nouvelles contraintes compliquent la logistique du dernier kilomètre et impactent jusqu’au modèle économique des transporteurs, qui doivent les intégrer dans la planification de leurs tournées.
Renouvellement de la flotte avec des véhicules propres
L’accès aux centres urbains est de plus en plus restreint, notamment aux véhicules polluants. Les transporteurs doivent donc rapidement renouveler leur flotte au profit de modèles à faibles émissions. Ces nouvelles réglementations locales les contraignent en outre à effectuer un dégroupage au sein des centres de distribution urbains, les poids lourds, notamment les plus anciens, étant interdits de circulation au centre de nombreuses grandes métropoles.
Les livraisons ne peuvent ainsi être effectuées que par certains modes de transports. Les vélos ont l’avantage de la propreté et gagnent d’ailleurs en popularité, mais les capacités sont limitées, tant en termes de cargaison transportée que de distance parcourue et de points desservis. Tous ces facteurs augmentent le coût de la logistique du dernier kilomètre.
Nouvelles contraintes horaires et d’avitaillement
D’autres contraintes compliquent la tâche des transporteurs, à commencer par les horaires d’ouvertures des CDU et d’accès aux centres-villes en fonction du véhicule mobilisé. En outre, ces infrastructures sont souvent spécialisées selon la nature des marchandises (alimentaire et non alimentaire notamment).
L’avitaillement représente un autre obstacle majeur, le réseau de bornes de recharges en hydrogène, GNV et électricité étant à la fois insuffisant et très hétérogène. En effet, seulement 116 stations d’avitaillement en GNV sont disponibles à travers le territoire, contre 20 bornes pour l’hydrogène. Les véhicules légers 100 % électriques sont mieux servis, à l’inverse des poids lourds de la catégorie.
Pour optimiser une tournée de livraisons, il faut donc désormais tenir également compte de l’autonomie de chaque type de véhicule, de l’emplacement des points d’approvisionnement et du délai de recharge.
Développement de solutions alternatives à la livraison à domicile
Et alors que les freins et les coûts augmentent, la rémunération des transporteurs diminue. Avec la concurrence croissante dans le domaine du e-commerce, les consommateurs sont de plus en plus exigeants en termes de qualité, de prix, mais aussi de rapidité. Sur ce point précis, les acteurs du secteur font de la livraison en 24 heures ou 48 heures, gratuitement ou à un tarif très faible un argument pour séduire et fidéliser les clients.
Comme tous les intervenants de la chaîne logistique, les transporteurs sont sous pression constante pour respecter les délais. D’autant que les acheteurs sont désormais demandeurs d’une livraison dans des créneaux étroits en fonction de leurs propres disponibilités. Le recours à un logiciel de planification multicritère des livraisons devient indispensable pour aider ces professionnels à organiser leurs tournées en tenant compte des multiples contraintes que pose la logistique du dernier kilomètre.
Pour autant, ces outils ne permettent pas de faire des miracles alors que le volume de ventes en ligne explose. Une étude réalisée en 2019 par Capgemini Institute révèle que « 97 % des e-commerçants disent des modèles actuels qu’ils ne sont pas tenables sur la durée et impossibles à généraliser ».
En alternative à la livraison à domicile, différentes options moins contraignantes et plus économiques ont émergé, comme le click-and-collect ou la remise en point relais ou en casier sécurisé. Avec ces solutions, les transporteurs contribuent à l’atteinte des objectifs des collectivités territoriales en matière de limitation du trafic en zone urbaine dense.